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les enjeux pour le Vietnam de la régionalisation asiatique
 
Guy Shulders
Université Paris I
Groupe de Travail Vietnam
(juin 1997)
 
I- Consolidation et ouverture de l'économie nationale
a) une économie nationale consolidée.
Tableau 1- La consolidation interne de l'économie vietnamienne
b) une économie résolument ouverte.
II- Investissement étranger : outil de la régionalisation.
a) son ampleur
b) la provenance des investissements directs étrangers au Vietnam.
c) la forme prise par les IDE au Vietnam
Tableau 2- Investissements Directs au Vietnam
d) les secteurs d'accueil.
Tableau 3- Orientation des IDE au Vietnam
e) la localisation géographique d'accueil des IDE
f) Choix des investisseurs et choix vietnamiens
III- De l'adhésion à l'ASEAN aux exigences de l'AFTA
a) une zone régionale de grande envergure
Tableau 4- ASEAN à 7 et ASEAN à 10 (année 1996)
Tableau 5- Tarifs vietnamiens à l'importation
Tableau 6- Produits non concernés par le Tarif Préférentiel Effectif Commun
b) des choix politiques et économiques difficiles
1- Les intérêts des Vietnamiens peuvent différer de ceux des autres pays de l'ASEAN.
2- Une recette budgétaire de substitution sera difficile à trouver.
3- La spécialisation internationale du Vietnam pourra ne pas être conforme à ses avantages comparatifs actuels.
4- Il n'existe pas de tarif extérieur commun pour les pays de l'ASEAN.
5- Il n'existe pas de marchés régionaux du travail et du capital.
6- Les choix systémiques des Vietnamiens requièrent beaucoup de flexibilité.
IV- Le commerce extérieur, vecteur de la régionalisation
a) une évolution rapide et diversifiée.
Tableau 7- Les partenaires du commerce extérieur vietnamien
Graphique 1- La place du Vietnam dans les exportations asiatiques
b) une évolution sous contrainte.
c) un commerce extérieur devant être réorienté
Tableau 8- Les structures du commerce extérieur vietnamien
Tableau 9- Evolution des cours
La régionalisation, inductrice de commerce extérieur
Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
 

Au sortir de 50 années de conflits et de pauvreté, le Vietnam socialiste s'est progressivement acheminé vers une forme atypique d'économie de marché.

L'étonnante rapidité des transformations, que ce pays a connues au cours des dix dernières années, a concerné autant le milieu politique que le domaine économique, car elle est intimement liée au cadre historique de son évolution.

La réforme vietnamienne concerne simultanément l'économie nationale et le commerce extérieur. L'amélioration des résultats de l'économie intérieure, par l'instauration d'un processus de croissance rapide et maîtrisé, constitue une étape préalable indispensable avant l'intégration régionale, à laquelle le Vietnam aspire depuis son adhésion à l'ASEAN , en juillet 1995. Cette récente adhésion sera vraisemblablement suivie d'une participation de plus en plus active de sa part à l'APEC et à l'OMC .

_ l'évidence, la crédibilité du Parti et de l'État dépend de l'aptitude de leurs responsables à promouvoir une croissance économique rapide et un développement durable. Or, une telle dynamique doit s'inscrire dans le cadre d'une compétitivité internationale, à laquelle le Vietnam socialiste d'aujourd'hui ne saurait se soustraire, principalement à l'égard de ses voisins du sud-est asiatique. L'option d'ouverture et d'internationalisation de l'économie vietnamienne est périodiquement réaffirmée par les autorités, en dépit de critiques internes portées contre les dérapages de la corruption et de l'insécurité, dont les influences étrangères sont souvent accusées d'être la cause.

Le rythme, les séquences et les conséquences à la fois internes et internationales de la transition vietnamienne font que les réformes politiques, administratives, juridiques et institutionnelles qu'elle requiert impliquent une adaptation, sinon une transformation progressive, à la fois du Parti et de l'État.

Le Vietnam se trouve confronté à plusieurs défis qui proviennent du choix qu'il fait de changer de système et de s'adapter à notre époque moderne.

Dans la réflexion qui suit, nous nous demanderons si, sur la base des principes d'ouverture et d'internationalisation dont il s'est doté et en s'appuyant sur une économie nationale consolidée, le Vietnam pourra faire face aux exigences de l'AFTA et mettre en valeur suffisamment d'atouts et d'avantages spécifiques pour développer ses positions concurrentielles vis à vis de ses partenaires asiatiques.

Nous essayerons de montrer que l'ouverture du Vietnam sur le reste du monde, qui est à l'origine d'un commerce extérieur particulièrement dynamique et de l'arrivée massive de capitaux étrangers, a permis à ce pays d'amorcer un processus ambitieux d'intégration régionale.

_ l'aide de modèles empiriques de type gravitationnel qui, moyennant une vigilance critique à l'égard de leurs hypothèses, s'avèrent tout à fait crédibles dans le cas des pays de l'Asie-Pacifique, plusieurs études récentes ont confirmé que, dans le cas des pays du sud-est asiatique, le processus de régionalisation et le développement du commerce extérieur dépendaient directement l'un de l'autre et conféraient au Vietnam les mêmes avantages que les autres pays de l'ASEAN et de l'APEC.

I- Consolidation et ouverture de l'économie nationale

Le Sixième Congrès du Parti Communiste Vietnamien de décembre 1986 a fourni l'occasion de réfléchir à la difficulté d'améliorer le niveau de vie des Vietnamiens sur la base d'une construction économique de type soviétique et de proposer des réformes de fond, de nature à réorienter l'économie du pays de manière fondamentale.

Le Vietnam admettait alors le fonctionnement des mécanismes de marché comme base de constitution et de répartition de ses richesses. Au niveau national, une telle réorientation imposait la mise en _uvre progressive d'un important train de modifications, y compris d'une délicate réforme administrative et juridique.

La voie originale de croissance et de développement sur laquelle s'était engagé le Vietnam devait tenir compte du fait que ce pays cumulait les caractéristiques des pays en développement du Sud et des pays en transition de l'Est socialiste.

La décision de se rapprocher du mode de gestion des pays capitalistes relevait, en fin de compte, d'un comportement pragmatique des autorités qui constataient que les contre-performances économiques accumulées depuis 1975 leur imposaient de s'écarter du mode de gestion de type soviétique.

a) une économie nationale consolidée.

Les premières mesures ont, avant tout, concerné l'économie nationale. La mise en oeuvre de la réforme agraire, qui fut une incontestable réussite, ont amené le Vietnam à prendre résolument le contre-pied de la collectivisation.

Avec le recul du temps, nous pouvons admettre, que sur le plan de l'économie nationale, des succès importants ont été remportés :

b) une économie résolument ouverte.

Avant 1989, le commerce extérieur du Vietnam était bloqué par de nombreuses circonstances à la fois économiques et politiques, liées aux faibles performances de son économie planifiée, elle-même très dépendante des injonctions soviétiques. Le blocage s'accentuait avec la stagnation de l'ensemble de ses partenaires du CAEM et surtout à la suite des situations d'embargo imposées par les économies occidentales lors de l'entrée des troupes vietnamiennes au Cambodge. L'embargo américain sera définitivement levé en 1994.

La principale clé de voûte de la transition vietnamienne fut alors son ouverture et la multinationalisation de ses activités. Concrètement, cela signifie que le cadre original, dans lequel le Vietnam entend inscrire sa croissance et son développement, sera constitué, à l'avenir :

II- Investissement étranger : outil de la régionalisation.

La réforme de la constitution de 1992, élément fondamental du renouveau politique et économique vietnamien, (la Doi Moi), a jeté les bases juridiques et institutionnelles d'une ouverture sur l'extérieur, de l'accueil des capitaux et des investissements étrangers, et de la création d'entreprises productives et commerciales conjointes. La nouvelle rédaction de la Constitution corrobore le rôle majeur qu'avait reconnu aux IDE la Loi sur l'Investissement Étranger de 1987, elle-même récemment renforcée .

Parallèlement à la mise en _uvre d'une réforme administrative de très grande importance (accélérée en 1995 avec le nouveau code civil, la loi sur la promotion des investissements intérieurs et la loi sur les entreprises publiques) la Loi sur l'Investissement Étranger affine la réforme économique en organisant le développement de la production. Celle-ci se rapproche progressivement du fonctionnement des mécanismes de marché tout en codifiant les règles de la compétitivité entre les agents de l'intérieur et en préparant la compétition avec les concurrents du reste du monde, principalement du sud-est asiatique.

Le capital étranger devient l'un des principaux outils de la transition économique vietnamienne, en ce qu'il permet la mobilisation des ressources extérieures additionnelles, indispensables à la construction nationale. Il constitue par ailleurs le seul moyen de construire, au plus vite, les infrastructures physiques inexistantes ou insuffisantes au Vietnam et d'accéder aux processus technologiques modernes. _ terme, ceux-ci sont indispensables pour créer une industrie compétitive, compatible avec les ambitions régionales et internationales du Vietnam.

Le capital étranger se caractérise au Vietnam par son ampleur, la forme des activités auxquelles il donne lieu, les secteurs économiques d'accueil, ses lieux d'implantation et les pays dont il provient.

a) son ampleur

La stabilité politique aidant, les investisseurs étrangers ont rapidement compris l'enjeu d'une économie aux potentialités considérables et proposé, entre 1987 et 1997, plus de 1 660 projets pour une valeur d'environ 27 milliards de dollars. Actuellement, les activités liées au capital étranger sous-tendent 25% du PIB vietnamien.

b) la provenance des investissements directs étrangers au Vietnam.

Elle est avant tout asiatique (71% des projets, 74% du montant total). En dehors du rôle important de Singapour dans l'IDE au Vietnam, il apparaît, qu'avec à peine 19% des projets et 27% des capitaux engagés, l'effet ASEAN reste pour le moins modeste, même si l'on tient compte du fait que ce pays n'appartient pleinement à l'Association que depuis juillet 1995.

Les investissements étrangers sont liés à des facteurs comportementaux et culturels qui différent selon les pays d'origine. Par ailleurs, les objectifs des investisseurs occidentaux ne correspondent pas à ceux de leurs concurrents asiatiques. Européens et Américains envisagent, avant tout, la conquête de nouveaux marchés et la recherche de facteurs de production humains moins onéreux ; les investisseurs asiatiques souhaitent plutôt créer ou conforter leur hinterland industriel, par le développement de bases arrières de production.

La dynamique intra régionale se manifeste progressivement et les investisseurs de l'ASEAN orientent leurs capitaux en destination de leurs partenaires —pas de manière prioritaire vers le Vietnam— afin de développer leur position de concurrence et de complémentarité. Pour sa part, le Vietnam, qui aspire à intégrer l'APEC, cherche à se rapprocher des réglementations de l'OMC, dont les 17 pays membres jouent un rôle majeur dans l'investissement étranger sur son territoire (plus de 85% des projets).

c) la forme prise par les IDE au Vietnam

d) les secteurs d'accueil. e) la localisation géographique d'accueil des IDE

La localisation des IDE a concerné, en priorité, les provinces du sud du pays : Ho-Chi-Minh-Ville et Dong Nai (744 projets d'une valeur de 11,3 mds $) contre 353 projets d'une valeur de 8 mds $ pour les trois provinces de Hanoi, Quang Ninh et Haiphong. Le centre est souvent considéré comme la région du Vietnam oubliée des investisseurs étrangers qui n'y ont proposé que 48 projets d'un montant de 461 mns $ (province de Quang Nam - Da Nang).

f) Choix des investisseurs et choix vietnamiens

Les préférences géographiques et sectorielles des investisseurs étrangers peuvent ne pas correspondre aux aspirations énoncées par les Vietnamiens dans le cadre de leur programme national d'aménagement du territoire. Pour cette raison, la Loi sur l'Investissement Étranger, en liaison avec les principes rigoureux de la réforme administrative actuellement en cours au Vietnam, a été précisée dans le sens d'une régulation plus stricte et surtout plus sélective des IDE (nette préférence pour les investissements de grande envergure).

On ne peut que comprendre les motivations des autorités vietnamiennes qui souhaitent réglementer, maîtriser et tirer le maximum de profit du flux parfois désordonné de capitaux étrangers sur leur territoire. Mais cette soudaine rigueur n'est pas sans créer de nouvelles contraintes (en particulier juridiques, administratives et surtout fiscales), très décourageantes pour les investisseurs étrangers . Une déception concerne tout spécialement les investisseurs français : la rigueur risquera de sanctionner avant tout les "petits projets", pour lesquels les investisseurs se sentiront moins armés. Or, à titre de comparaison, le montant moyen des projets français n'est que de 10 mns $, contre 15,4 mns $ pour les projets américains et 47 mns $ pour les projets suédois.

Les choix régionaux découlent principalement d'un effet de démonstration, mais aussi d'un effet de contagion, dus à la croissance économique très rapide de l'ensemble des pays voisins du sud-est asiatique. Le Vietnam ne souhaiterait pas voir s'accroître son retard vis à vis des autres pays potentiellement partenaires et concurrents.

Les investisseurs nationaux et étrangers doivent tenir compte, dans les projets qu'ils soumettent, du fait que les Vietnamiens bénéficient d'un excès d'offre d'IDE, et qu'ils ont donc la possibilité de sélectionner les investissements pour lesquels des autorisations leur sont demandées. Cet excès d'offre doit cependant être relativisé dans la mesure où la part du capital utilisé n'excède pas, actuellement, le tiers du capital engagé.

Par ailleurs, d'une manière générale, la sélection devra se traduire par une réorientation et non par découragement, voire un rejet, des IDE non conformes à des besoins sectoriels immédiats. Les composantes démographiques du Vietnam, caractérisées par l'arrivée massive de jeunes sur le marché du travail dès la fin de la décennie, montrent l'importance qu'il y a à privilégier, dès à présent, tous investissements nationaux ou étrangers qui sont de nature à créer des emplois.

L'intérêt de la sélection, en cas d'excès d'offre de capital étranger, est qu'elle se traduise par des effets positifs d'adéquation vis-à-vis du programme national d'aménagement du territoire et de réorientation dans le sens des priorités économiques nationales et non par une réduction nette des flux de capitaux.

Au demeurant, le dynamisme des Nouveaux Pays Industrialisés exerce sur le Vietnam un effet d'imitation qui influence son orientation économique à moyen terme. Il n'y aurait après tout rien d'aberrant à ce que le Vietnam aspire à devenir un nouveau Dragon asiatique.

III- De l'adhésion à l'ASEAN aux exigences de l'AFTA

Les évolutions hésitantes et contradictoires de l'Uruguay Round avaient convaincu la plupart des pays asiatiques d'un risque de renforcement des protectionnismes locaux, surtout de la part ses pays occidentaux. Le renforcement de la solidarité entre les membres de l'APEC, développant entre eux une "Coopération Économique Asie-Pacifique" a convaincu les responsables vietnamiens qu'aucun pays ne pouvait désormais se renfermer à l'intérieur de ses frontières nationales. L'avenir avenir économique du Vietnam, donc à terme la crédibilité des choix politiques de ses dirigeants, s'inscrivent dans un cadre ouvert et international.

a) une zone régionale de grande envergure

L'ASEAN constitue l'une des plus puissantes tentatives de régionalisation du continent asiatique, en ce qu'elle essaye de réaliser une dynamique communautaire ambitieuse, à la fois commerciale (création d'une zone de libre-échange), économique et politique, tout en respectant les identités culturelles de chacun de ses membres.

Devenant en 1995 membre à part entière de l'ASEAN, le Vietnam a rejoint la Thailande, la Malaisie, Singapour, les Philippines, l'Indonésie et le Sultanat de Brunei. Il sera imité en 1997 par le Laos, le Cambodge et vraisemblablement par le Myanmar. L'entrée de ces nouveaux partenaires, en particulier du Cambodge et du Laos, présentera pour le Vietnam d'importantes opportunités de développement transfrontalier.

_ ce niveau, le contexte géographique national (forme du territoire, distances entre le Nord et le Sud du pays) et régional (absence de frontières communes avec ses partenaires actuels de l'ASEAN) font des concepts de territoire et de territorialité des éléments pertinents de l'analyse du processus vietnamien de développement. Ces concepts, développés dans le cadre d'autres pays (Pecqueur, 1992) paraissent transposables au cas asiatique qui nous intéresse.

Intégrant l'ASEAN, le Vietnam est devenu l'un des principaux acteurs d'une zone économique de 491 millions d'habitants (600 mns en 2010), dont les activités ont conduit, en 1996, à un PIB de 663 milliards de dollars, connaissant une croissance moyenne de 8% l'an (soit 750 mds $ en 2010).

L'importance de cette zone est mise en relief si l'on compare les données économiques qui la caractérisent (année 1996) à celles des principaux autres pays et concurrents asiatiques : Chine (1 230 mns h, 665 mds $ de PIB) et Japon (126 mns h, 4 580 mds $).

L'appartenance à l'ASEAN permet au Vietnam de mieux asseoir son processus de croissance national, comme cela avait été le cas pour les autres pays membres, regroupés dans l'Association depuis 1967 (à l'exception du Sultanat de Brunei, qui l'a intégrée en 1985). Elle facilite également son insertion dans l'économie mondiale, en ce qu'elle implique un ajustement, sur les autres pays membres, de ses orientations économiques d'ensemble, de sa juridiction commerciale, de ses normes de production et de qualité, de ses habitudes productives et de ses comportements à l'égard du capital et des investisseurs étrangers.

En ce domaine, il apparaît, que le Vietnam s'oriente vers un processus de développement à la fois endogène et exogène (Garofoli, 1993) :

En réalité, le Vietnam est encore un pays à système socialiste, à bureaucratie très lourde ; il demeure relativement fermé, et rien ne s'y fait sans l'aval du Parti. Les règles du jeu de l'ASEAN vont l'amener à assouplir son administration et sa bureaucratie et à prendre des mesures qui l'orienteront vers un type d'économie plus moderne et moins rigide. L'AFTA impose au Vietnam une libéralisation rapide de son commerce extérieur, et par là même de son économie. Cette libéralisation permettra une résorption des tarifs à l'importation de la plupart des produits, provenant des partenaires de l'ASEAN, au sein d'une marge de 0% à 5%.

Au lendemain de son adhésion, le Vietnam s'est d'emblée engagé dans ce sens en dressant une liste de plus de 1 600 produits concernés par la réduction tarifaire et en publiant 850 lignes de contraction dans le cadre des TPEC. Inversement, il énonçait une liste de biens sujets à une exclusion temporaire de réduction tarifaire, de biens excluant toute réduction tarifaire (biens interdits), et de biens stratégiques ou essentiels pour l'économie vietnamienne.

Il faut reconnaître que les restrictions et exclusions énoncées par les autorités vietnamiennes pour raisons politiques ou commerciales restaient tout à fait dans les normes des listes publiées par les autres pays partenaires de l'ASEAN (1 856 exclusions pour l'Indonésie, 1 450 pour les Philippines).

Bien que moins souvent évoquées, les barrières non tarifaires constituent un handicap important et sont le plus souvent perçues comme discriminatoires, surtout qu'elles viennent s'ajouter à des pratiques bureaucratiques lourdes, inflexibles et parfois corrompues. En particulier, l'opération d'importation est toujours tributaire d'une autorisation du Ministère du Commerce et reste l'apanage, pour plus de 90%, des compagnies d'État. Les entrepreneurs comprennent parfois difficilement, que le souci de protéger certaines industries locales amène les autorités à revenir sur des mesures de libéralisation, pourtant considérées comme acquises depuis longtemps.

b) des choix politiques et économiques difficiles

Deux ans après l'entrée du Vietnam dans l'ASEAN, de nombreuses questions continuent de se poser concernant les implications économiques et politiques de la mise en oeuvre de l'AFTA, même si aucun débat de fond n'est officiellement à l'ordre du jour dans les milieux officiels de Hanoi.

Les questions politiques les plus délicates ont trait à l'infléchissement systémique qu'imposeront les orientations économiques nouvelles ainsi que les mesures d'harmonisation intra régionale des conditions de fonctionnement des appareils économiques.

1- Les intérêts des Vietnamiens peuvent différer de ceux des autres pays de l'ASEAN.

Deux sources de divergence doivent être mentionnées : certains pays ont des tarifs douaniers très bas (Singapour) ou très élevés (Indonésie) ; par ailleurs, les quatre pays riches de l'ASEAN exportent des biens essentiels identiques, laissant envisager des problèmes de concurrence délicats lors de la pleine application du programme de Tarif Préférentiel Effectif Commun.

2- Une recette budgétaire de substitution sera difficile à trouver.

Comment les Vietnamiens feront-ils face au manque à gagner budgétaire provenant de la réduction de l'ensemble des tarifs en deçà de 5% ? Certain observateurs font remarquer, qu'un nombre important de produits étant actuellement taxés à moins de 2%, il pourrait être concevable de les augmenter à concurrence de 5%, comme l'autoriseraient les textes de l'AFTA .

3- La spécialisation internationale du Vietnam pourra ne pas être conforme à ses avantages comparatifs actuels.

Un nouveau calcul des prix et des coûts s'impose pour évaluer la position concurrentielle des producteurs vietnamiens à l'égard de leurs partenaires de l'ASEAN, dès lors que, leur taxation étant inférieure à 5%, les produits d'importation risqueront d'inonder le marché intérieur et de rendre difficile le maintien des activités des entreprises adolescentes.

L'on peut également se demander, si les faibles salaires et prix pratiqués au Vietnam seront de nature à encourager l'arrivée de nouvelles technologies fortement capital-using. Le Vietnam ne risque-t-il pas d'être menacé par des trappes technologiques et cantonné, malgré lui, dans des activités labour-intensive, apparaissant actuellement, mais seulement pour le court terme, comme l'un de ses premiers avantages comparatifs ?

En réalité, la différence de dotation en facteurs de production explique une grande partie de l'écart qui caractérise le niveau de salaires entre les pays et conduit à une première distorsion au niveau des valeurs ajoutées nationales. Des politiques industrielles différentes pourront découler de ces écarts salariaux et détermineront les avantages comparatifs et les spécialisations de chaque pays. Faute de TEC (voir supra), la tentation pourra être réelle dans certains cas, de jouer sur un différentiel de tarifs extérieurs pour rendre plus concurrentielle la politique industrielle nationale.

Dans les circonstances présentes du développement économique des pays encore peu industrialisés (comme le Vietnam ou l'Indonésie, et prochainement le Laos et le Cambodge), les États les plus pauvres de l'ASEAN voudront éviter le piège d'une orientation par trop "labour-using" qui les détournerait des produits "high-tech" à haute intensité capitalistique. Si certains pays tardaient à orienter leurs activités sur la voie d'une industrialisation moderne, incluant des processus techniques efficaces et prévoyant de prendre part, à terme, à des protocoles internationaux de recherche, ils s'interdiraient une forme de concurrence sur laquelle repose, en fin de compte, l'avenir des nations asiatiques en quête d'industrialisation.

Tout en refusant d'étiqueter d'une manière ou d'une autre les expériences économiques des pays nouvellement industrialisés, ou candidats potentiels à la modernisation des processus techniques, il peut être intéressant de se référer au "Paradoxe de Léontieff". On remarque alors, que les Vietnamiens comme les Laotiens, tous deux beaucoup moins dotés en facteur capital qu'en facteur travail, tenteront d'utiliser au maximum les avantages que leur procureront les investissements directs étrangers. Ils les utiliseront au mieux, afin d'améliorer l'efficacité de leurs travailleurs (formation très poussée et grande flexibilité des étudiants et de la main d'oeuvre au Vietnam) ou d'élever le capital moyen par travailleur ou la valeur des produits exportés par unité de main d'oeuvre (réorientation rapide des activités du Laos vers la production d'hydroélectricité).

_ l'inverse, la production industrielle de Singapour et de la Malaisie, pays nettement mieux dotés en facteur capital, nécessite une importante main d'_uvre d'origine étrangère issue, en partie de la diaspora chinoise. Les Chinois constituent d'ailleurs une forte proportion de la population de Singapour (75% des 3,2 millions d'habitants).

4- Il n'existe pas de tarif extérieur commun pour les pays de l'ASEAN.

La zone de libre échange prévue par l'AFTA dans le cadre de l'ASEAN n'est certes pas une union douanière ni un marché commun. Mais peut-être doit-on regretter l'inexistence d'un Tarif Extérieur Commun.

Certains producteurs nationaux pourront être tentés de jouer sur la différence de tarif appliqué aux pays non membres de l'ASEAN pour réorienter leurs échanges (nouvelles créations ou détournements de trafic). Un intrant provenant d'un pays de l'ASEAN ne sera pas taxé, mais un autre intrant provenant de Chine, d'Europe ou du Japon pourra être différemment imposé par le Vietnam et par Singapour, conduisant, à valeur ajoutée égale dans les deux pays, et compte tenu d'une valeur minimale de 40% des composants nationaux, à un prix de vente final sur le marché très différent.

Les instances de l'ASEAN devront veiller à ce que l'absence de Tarif Extérieur Commun n'entraîne pas, à terme, une fuite, voire une entrave à l'esprit d'harmonisation économique et commerciale, dont procède la mise en _uvre progressive du Tarif Préférentiel Effectif Commun. En revanche, la souplesse de ces instances autorise un ajustement des politiques industrielles des nations qui se trouvent être moins bien armées pour lutter contre la concurrence à la fois extérieure et intérieure à l'ASEAN.

Nous avons signalé précédemment, qu'en vérité, les handicaps que rencontre le Vietnam dans l'élaboration d'une économie ouverte et internationalisée ne sont pas uniquement de nature tarifaire. Le véritable protectionnisme international auquel il se heurte s'exerce sur les services, la nature et la circulation des capitaux, sur le choix et l'acquisition onéreuse de processus technologiques modernes et efficients, sur l'action des oligopoles régionaux et des puissants lobbies internationaux.

5- Il n'existe pas de marchés régionaux du travail et du capital.

Les questions de libre circulation du capital et du travail entre les États ne font pas partie des objectifs de l'ASEAN. L'Association se limite donc à une zone de libre échange et n'a pas vocation à devenir un marché commun (qui, outre l'existence d'un TEC, nécessiterait une libre circulation de l'ensemble des facteurs de production).

En revanche, les pays bien dotés en capital (Singapour) ou en richesses naturelles (Brunei ou Malaisie) peuvent être handicapés par une main d'oeuvre nationale insuffisante, bénéficiant en outre de salaires relativement élevés et d'un niveau de formation très variable.

La non codification de la circulation du facteur travail entre les États membres s'accompagne d'une réticence de la plupart des pays concernant l'accueil de la main d'oeuvre d'origine étrangère ; elle remet directement en cause les avantages comparatifs que pourraient tirer certains pays possédant une importante population disposée à travailler à l'étranger (Indonésie, Thailande, Philippines, Vietnam, ces quatre pays regroupant 94% de la population de l'ASEAN).

De graves tensions sociales en découlent dans toute la région, en particulier, entre la Malaisie, Singapour et les Philippines et pourraient à terme se traduire par une réticence des pays à niveau de vie relativement élevé à l'égard des travailleurs à bas salaires d'origine vietnamienne.

Les problèmes sociaux d'origine inter ethniques ou religieux, qui se manifestent sur le marché du travail des pays de l'ASEAN, sont parfois aggravés par des conflits politiques historiquement enracinés, qui opposent les membres de l'ASEAN entre eux, les membres de l'Association à d'autres pays non membres, ou des composantes nationales entre elles. Au niveau économique, ces tensions peuvent mobiliser une partie plus ou moins importante des ressources des nations (entre 10% et 15% des budgets des États) par souci de précaution ou de dissuasion.

6- Les choix systémiques des Vietnamiens requièrent beaucoup de flexibilité.

Rien ne dit que des choix systémiques difficiles ne s'imposeront pas au niveau économique, lorsque le Vietnam devra mettre en oeuvre ses engagements envers l'AFTA, dont le calendrier, bien qu'assoupli en sa faveur (trois années supplémentaires pour la période de transition), imposera, dès 2006, un abandon d'une très grande partie de ses ressources douanières. L'appartenance à des organismes régionaux ou mondiaux, aujourd'hui à l'ASEAN, demain à l'APEC et certainement à l'OMC, ira-t-elle toujours de pair avec la définition éminemment souveraine et indépendante des choix, des séquences et des rythmes que le Vietnam veut se donner de son processus de transition ?

Les pays de l'ASEAN ont tous fait preuve, depuis près de trente ans, d'une inestimable aptitude au consensus politique. Cette souplesse fut salutaire lors des innombrables problèmes politiques qui se sont posés à eux ou qui les ont opposés entre eux, en particulier concernant les problèmes de revendications territoriales et insulaires évoqués précédemment. Cette même flexibilité a permis d'envisager l'intégration des nouveaux membres malgré leur engagement au sein de conflits historiques très anciens.

Au Vietnam, rien ne se fait sans l'aval du Parti. Le système politique vietnamien ne risque-t-il pas d'être moins enclin que celui des autres partenaires à la concession et à la souplesse lorsque ses options économiques ou politiques fondamentales seront contrariées par les impératifs communautaires ? Les organismes à vocation géographique et internationale plus large, comme l'APEC et l'OMC, qui imposent généralement à leurs membres des règles de fonctionnement et de comportement homogènes et strictes, fourniront-ils au Vietnam l'assurance d'une même souplesse que l'ASEAN et permettront-ils de créer les circonstances d'une plus grande internationalisation et libéralisation de son économie (Gates, 1996) ?

Une première réponse sera apportée lors de la réalisation progressive de l'AFTA, d'ici à 2006. Elle permettra déjà de se faire une idée de la flexibilité de l'économie et de la politique du Vietnam à l'égard d'une instance internationale dont les exigences pourraient un jour ne pas coïncider parfaitement avec ses agendas nationaux.

L'AFTA n'est d'ailleurs pas seulement source d'interrogation pour les Vietnamiens, car d'une manière générale, dans chacun des pays de l'ASEAN, existent de fortes résistances nationales aux sacrifices ou concessions rendues nécessaires par les ajustements tarifaires. Les réformes juridiques et administratives progressivement mise en _uvre au Vietnam depuis le début de la Doi Moi ne sont pas toujours bien comprises de la population et sont parfois assimilées à des mesures répressives ou discriminatoires. Par ailleurs, la résolution de tels problèmes est souvent compliquée par le jeu de l'intense corruption, qui sévit dans tous les secteurs de la vie économique vietnamienne, à tous les niveaux, semble-t-il, de l'administration et du secteur privé.

Face à de telles difficultés, certains observateurs se demandent si le Vietnam ne risque pas, en rejoignant des organismes internationaux à réglementations strictes, "de se placer devant un grave dilemme ; continuer l'internationalisation malgré les risques qu'elle fait courir à son indépendance (...), ou se replier sur lui-même" (Truong & Gates, 1996). L'Union Européenne estime par ailleurs, "que pour l'instant il n'existe aucun engagement irréversible en faveur d'un avenir économique commun de l'ASEAN" (Commission de l'UE, 1996),

_ tout moment, les autorités vietnamiennes voudront rester maîtresses de leur destin politique, et contrôler les nombreuses forces nouvelles que leur action d'ouverture a libérées depuis 1989.

IV- Le commerce extérieur, vecteur de la régionalisation

Nous avons rappelé, dans les paragraphes précédents, que l'ouverture de l'économie vietnamienne est indissociable de son passage à l'économie de marché. L'entrée du Vietnam sur la scène régionale asiatique rend par conséquent nécessaire la connaissance des composantes de son commerce extérieur : qu'importe le Vietnam, qu'exporte-t-il ? Comment évoluent les cours des produits qu'il achète et qu'il vend ? Quelle a été l'évolution récente de sa balance commerciale et de sa balance courante ?

a) une évolution rapide et diversifiée.

En moins de 10 ans, le Vietnam, qui réalisait 82% de son commerce extérieur avec les pays du CAEM entre 1980 et 1988, a effectué une reconversion radicale, effectuant désormais (1990-1996) 80% de ses échanges avec de nouveaux partenaires, principalement asiatiques (tableau 7).

Il est clair qu'aucune autre économie en transition n'est parvenue à une reconversion aussi spectaculaire. Le commerce extérieur du Vietnam s'est développé à une cadence rapide et soutenue depuis 10 ans :

· pour la seule année 1989, l'augmentation du commerce avec la zone convertible fut de 160% pour les exportations et de 60% pour les importations.

· de 1992 à 1996, la valeur de ses échanges (exportations + importations) a augmenté en moyenne de 40% chaque année, passant de 4,5 mds $ en 1992 à 17,1 mds $ en 1996, vraisemblablement 22 mds $ en 1997 (dollars courants).

· en 1995 et 1996, le taux de croissance des exportations fut à lui seul, respectivement de 29% et de 23% et celui des importations de 44% et de 41%.

La comparaison des résultats précédents, pour autant que l'homogénéité des données statistiques le permette, conduit à suivre l'évolution des rapports importations / PIB et dette publique / PIB et témoigne d'une augmentation beaucoup plus rapide des importations que de la dette, à partir de 1995. Le rapport IDE/PIB (supérieur à 100% depuis 1995) est cependant difficile à calculer de manière unique et significative, dans la mesure où les capitaux engagés diffèrent irrégulièrement dans le temps des capitaux effectivement débloqués et utilisés sur le territoire vietnamien. En 1997, le rapport IDE débloqués / IDE engagés est d'environ 32% ; le rapport IDE engagés sur PIB est approximativement de 120% (24 mds $ d'IDE sur 20 mds $ de PIB).

Si cette évolution du commerce extérieur atteste d'une très grande vivacité de la croissance et du développement du Vietnam, elle reflète également un réel besoin de rattrapage vis-à-vis de partenaires nouveaux, avant tout asiatiques : sur les dix premiers partenaires du Vietnam, réalisant 78% de la valeur de son commerce extérieur total, 8 partenaires sont asiatiques et réalisent environ 69% des échanges (7 600 mns $ sur 11 000 mns $).

Tableau 7- Les partenaires du commerce extérieur vietnamien (année 1995, X+M en mds $)
pays partenaire
mds $
1- Japon
1935
2- Singapour
1870
3- Corée du Sud
1233
4- Taiwan
1016
5- Hong Kong
710
6- Allemagne
543
7- France
517
8- Chine
350
Total tous pays
11000
Sources : Trade Statistics Yearbook 1995, FMI Washington. DC, 1996

Par ailleurs, 80% du commerce vietnamien s'effectue avec les pays de l'APEC , zone de coopération à laquelle le Vietnam aspire à adhérer prochainement. Il faut reconnaître, que cet ensemble de 18 pays appartenant à trois continents est à l'origine de 56% de la production mondiale et de 46% du commerce mondial de marchandises, et se prépare à devenir une zone étendue de libre-échange (Sommet d'Osaka, 1995) ; elle est d'un remarquable dynamisme.

La consécration de l'option vietnamienne d'ouverture a sans nul doute été marquée par la manifestation de confiance des investisseurs étrangers, mais également par le chaleureux accueil qui a été réservé à ce pays au sein de l'ASEAN. Singapour devient le premier partenaire du Vietnam au sein de l'Association ; ce pays, qui compte à peine plus de 3,2 millions d'habitants, participe pour plus de 17% à la valeur totale du commerce extérieur vietnamien.

Graphique 1- La place du Vietnam dans les exportations asiatiques°

(°) année 1996, en milliards de $ source : à partir des données de Asiaweek, 4 avril 1997.

Il faut cependant regretter, que malgré les réels succès remportés par le Vietnam dans ses tentatives d'internationalisation, ce pays reste un acteur très minime au niveau des flux mondiaux de commerce extérieur. Il se place très loin derrière la plupart des autres pays asiatiques, et même de ses partenaires de l'ASEAN : 1/118 des exportations japonaises, à peine d'1/100 des exportations de l'ASEAN (686 mns $ sur 70 mds), 1/42 des exportations Chinoises, 1/34 des exportations de Singapour et 1/6 seulement des exportations des Philippines. De même, les exportations du Vietnam envers ses partenaires de l'Association ont marqué une nette diminution en 1995 (-15,86% par rapport à 1994), qui n'a pas été comblée depuis lors.

b) une évolution sous contrainte.

Il est certain, que les choix d'ouverture et d'internationalisation croissante de leur économie ont contraint les Vietnamiens à davantage de dépendance vis à vis des besoins d'importation. Ceux-ci sont liés au processus de développement rapide de leur économie mais aussi aux besoins des investisseurs étrangers. La liaison ouverture-importation creuse dangereusement le déficit de la balance commerciale vietnamienne, qui est passé de 700 mns $ en 1993 à 4,1 mds $ en 1996 (COFACE, 1997).

Corrélativement, on note également un déséquilibre sensible de la balance courante (près de 3 mds $, soit environ 12% du PIB en 1996). Les estimations pour 1997 laissent prévoir une aggravation de cette situation, (-5,3 mds de déficit commercial). En quatre ans, les exportations auront été multipliées, en valeur, par 3, les importations par 4.4, le déficit extérieur par 20.

Le déficit de la balance courante est financé pour près de 70% par les IDE et, pour le reste, par l'aide bilatérale et multilatérale au développement. La dette extérieure du Vietnam subit elle-même les répercussions de l'évolution de ce déficit, mais a, en fin de compte, évolué plus modérément ; passant de 4 à 6,4 mds $ de 1992 à 1996, elle a été multipliée par 1,6.

_ ce niveau, le Vietnam a bénéficié d'un prêt de "facilité d'ajustement structurel" d'un montant de 220 mns $ (13% du PIB) accordé par le FMI en 1996.

Il faut dire, que les investisseurs professionnels et les bailleurs de fonds considèrent le Vietnam comme un pays à haut risque, en raison de l'insuffisance d'infrastructures juridiques et financières, d'un environnement difficile de l'entreprise (très peu d'experts comptables au Vietnam, présence presque exclusive de cabinets étrangers, procédures administratives lourdes et contraignantes, fiscalité étouffante à l'égard des investisseurs étrangers), de la corruption, mais aussi des tergiversations dont semblent faire preuve les autorités à l'égard de la législation et de l'octroi des licences concernant les IDE (révision stricte de la Loi sur l'Investissement Étranger). La Political & Economic Risk Consultancy de Hong Kong (équivalent asiatique de la COFACE) estime d'ailleurs, que le Vietnam est le pays à plus haut risque du sud-est asiatique et l'un des trois plus corrompus (avec la Chine et l'Indonésie).

c) un commerce extérieur devant être réorienté

La composition des exportations vietnamiennes reste avant tout basée sur les produits de l'agriculture et les ressources du sol et du sous-sol (charbon, pétrole non raffiné). Ces produits sont assez peu sophistiqués et rarement vendus transformés, octroyant aux partenaires qui les importent la plus grande partie des plus-values auxquelles leur industrialisation donnera lieu.

1- café (mT) 165 1- pétrole raffiné (mT) 5 200 2- caoutchouc (mT) 110 2- engrais (mT) 1 300 3- thé (mT) 18 3- acier (mT) 550 4- riz (mT) 2 000 4- ciment (mT) 1 200 5- conserves (mT) 50 5- coton (mT) 30 total en valeurEXPORT (mds $) 5 300 total en valeurIMPORT (mds $) 7 500

source : à partir des données de Vietnam 1995-96

En revanche, les impératifs de son développement et de sa croissance accélérée imposent au Vietnam l'importation de produits manufacturés, dont la fabrication a exigé une forte intensité capitalistique et parfois un haut degré de technologie (pétrole raffiné, engrais, acier, produits électroniques, véhicules, machines outil, etc.).

Le niveau et l'évolution des cours des principaux produits que le Vietnam a vocation à exporter peut être instructif et éclairer le choix des autorités dans l'orientation de la politique commerciale d'ensemble. Il convient en effet que ce pays ne s'enferme pas dans un type de spécialisation qui s'avérerait à terme sclérosante et désavantageuse, en la rendant par trop tributaire d'avantages comparatifs labour-using et potentiellement peu porteurs d'avenir.

Au niveau de l'évolution des cours des produits exportés, seul le café s'est solidement comporté depuis 5 ans, pour des raisons probablement liées aux politiques de réorientation des grands producteurs latino-américains. Le passé a cependant appris à se méfier des revirements concernant ce produit, dont l'évolution des cours échappe aux producteurs locaux, en ce qu'elle est en grande partie conditionnée par les décisions des principaux torréfacteurs mondiaux.

produit 1989 1995 produit 1989 1995 produit 1989 1995 café 47,3 69,6 riz 82,7 83,1 bois 114,9 132 étain 51,8 36,9 tabac 120,4 115,5 pétrole non raffiné 48,5 48,4 thé 90,1 7,37 soja 92,8 87,5 charbon 91,8 88,5 source : FMI, annuaire 1995, repris dans Atlaseco 1997

La légère amélioration, à prix courants, des cours des autres produits d'exportation durant la même période, couvre à peine l'évolution du niveau général des prix vietnamien. _ prix constants, ces produits auraient, au mieux, une tendance apparente à la stagnation.

En revanche, le raffinage du pétrole actuellement exporté à l'état brut permettrait au Vietnam une amélioration sérieuse de ses soldes commerciaux. Car en 1996, le Vietnam a exporté 7,6 mns de tonnes de pétrole brut (à titre comparatif, Indonésie, 73,8 mnsT) et réimporté 5,2 mns tonnes de pétrole raffiné. Le projet de construction d'une importante raffinerie par TOTAL n'a malheureusement pas abouti.

Les cours des principaux produits importés ont, quant à eux, généralement augmenté plus rapidement que les prix vietnamiens sur une période de 5 ans, en particulier les engrais, l'acier, le ciment, le coton, les produits agro-alimentaires, les fibres textiles et les produits électroniques. La laine fait exception à cette augmentation.

Dans les secteurs des produits textiles et de la confection, la concurrence est particulièrement importante de la part de l'ensemble des autres pays asiatiques, surtout de la Chine. Les salaires vietnamiens restant particulièrement bas rendent cette concurrence encore soutenable. Celle-ci sera cependant rendue plus difficile avec la mise en _uvre, à terme, de mesures sociales attendues au Vietnam.

La poursuite du processus accéléré de croissance imposera au Vietnam encore longtemps les importations coûteuses dont son économie a besoin actuellement. L'orientation de ses choix nationaux de production vers des catégories de produits de plus en plus élaborés imposera, de surcroît, l'utilisation de produits intermédiaires plus onéreux et de technologies sophistiquées. Pareille évolution, qui s'inscrit dans le sens d'une meilleure compétitivité à terme de l'économie vietnamienne, impliquera de la part des autorités des options difficiles au niveau de la politique industrielle, de la balance courante mais aussi de la détermination des taux de change.

En d'autres termes, le déficit commercial ne saurait être analysé comme le résultat d'une gestion négligente mais d'une situation qui correspond à l'étape spécifique de développement et de transition dans laquelle se situe l'économie vietnamienne. Ce déficit subsistera aussi longtemps que le Vietnam aura besoin de moderniser son appareil de production, afin de développer ses propres atouts commerciaux et de mettre en oeuvre une économie adaptée aux nécessités de la concurrence avec les autres partenaires du sud-est asiatique comme de l'Occident.

La régionalisation, inductrice de commerce extérieur

L'influence de la transition vietnamienne sur son commerce extérieur et celle de l'intégration progressive de ce pays dans les zones de commerce privilégié asiatiques sont estimées de manière quantitative par les équations de gravité. La méthodologie retenue par Le Quoc Phuong, Nguyen Duc Tho, J.S. Bandara (1996) est fondée sur l'estimation de deux équations de gravité en 1989 et 1994 (avant et après la transition) :

— 1989 : le Vietnam n'a pas encore intégré l'ASEAN et sort d'une longue période de blocage économique ;

— 1994 : année précédant l'adhésion du Vietnam, au cours de laquelle la réforme administrative et juridique est mise en oeuvre et l'embargo américain levé.

L'échantillon retenu comprend les partenaires du Vietnam, membres de l'APEC, dont l'ASEAN est un sous-groupe, soit 17 pays : les membres de l'ASEAN (à l'exception du Brunei), 5 pays asiatiques dont la Chine et le Japon, 3 pays du Pacifique et 4 du continent américain, y compris les USA. L'échantillon est constitué de 149 flux bilatéraux.

L'équation de gravité explique, en logarithmes, les flux d'échange CEij (millions de $) en fonction des variables suivantes :

· Yi et Y j, PIB de l'importateur et de l'exportateur qui sont des proxies pour les capacités de demande et d'offre ; ces PIB sont estimés sur la base de la PPA. L'avantage de la PPA sur la simple conversion avec un taux de change officiel est de mieux refléter le pouvoir d'achat du pays, et de contourner les problèmes liés à la détermination des taux de change sur les marchés en phase de transition. Techniquement, ce choix implique un coefficient pour la dummy VN qui est inférieur à ce qu'il serait si on avait pris un PIB en dollars courants ;

· yi et yj, PIB/h de l'importateur et de l'exportateur : des pays à revenus similaires, échangent davantage ; pour le Vietnam, le PIB/h était en valeur nominale de 250 $ en 1996, alors qu'il dépassait 1310 en PPA la même année, (au Laos, ces deux mêmes valeurs passaient de 325 $ à 1670 $ la même année) ;

· d ij, distance : proxy pour les coûts de transport, entendu au sens large (distance géographique mais aussi culturelle, linguistique, etc.) ;

· à ces variables structurelles ,qui laissent inexpliquée une partie de la variance, on ajoute des variables dummy (muettes) qui valent 0 ou 1 ;

· ADij vaut 1 s'il y a une frontière commune entre les pays pratiquant l'échange, 0 dans le cas contraire ; · la variable AFTA est égale à 1 lorsque l'échange a lieu dans la future zone de libre-échange des pays sélectionnés de l'ASEAN ;

· la variable ALENA (NAFTA) est égale à 1 lorsque l'échange a lieu dans la zone de libre-échange regroupant le Canada, les Etats-Unis et le Mexique ;

· SING vaut 1 si Singapour est l'importateur ou l'exportateur (0 dans le cas contraire) ;

· VN est la variable clé de l'étude ; elle vaut 1 lorsque le Vietnam est soit l'importateur, soit l'exportateur (0 dans le cas contraire).

ln CE ij = a0 + a1 .ln ( Yi . Yj ) + a2 .ln ( yi . yj ) + a3 .ln d ij + a4 AD ij + a5 SING ij + a6 .VN ij + a7 .AFTA ij + a8 ALENA ij + u ij

Résultats pour l'année 1989

a0 a1 a2 a3 a4 a5 a6 a7 a8 R2 nombre d'observations coef estimés -5,04 0,70 0,87 -1,36 0,002 -1,91 -1,68 -0,74 0,93 0,880 148 statistique de student -3,68 17,80 12,07 -13,86 0,01 -6,60 -2,79 -2,12 3,52 * 148

Résultats pour l'année 1994

a0 a1 a2 a3 a4 a5 a6 a7 a8 R2 nombre d'observations coef estimés -6,54 0,68 0,85 -1,18 0,30 0,08 -0,97 -0,60 0,93 0,868 149 statistique de student -4,90 19,36 12,32 -14,29 0,88 0,33 -1,82 -1,94 3,91 * 149

Les coefficients des variables structurelles ont les signes attendus : positif pour le produit des PIB/h, positif et proche de 1 pour le produit des PIB, négatif pour la distance ;

Les coefficients des variables AFTA et ALENA sont significatifs et négatifs et indiquent que l'intensité du commerce à l'intérieur de ces zones est inférieure à la norme définie par la partie structurelle de l'équation.

Le coefficient de la variable VN, de négatif en 1989 devient non significativement différent de zéro en 1994. Ce résultat illustre, de manière quantitative, les progrès accomplis par le Vietnam depuis son ouverture au commerce international. En dessous de la norme structurelle de 1989, le Vietnam a rattrapé en 1994 la moyenne définie par l'échantillon. Ses échanges ne s'écartent plus, de manière significative, de ce que les variables structurelles prévoient qu'ils doivent être.

Conclusion

La question de la compétitivité du Vietnam à l'égard de ses partenaires de l'ASEAN (voire de l'APEC) est encore très controversée. Le volume, somme toute, relativement faible, du commerce extérieur vietnamien avec ses six autres partenaires et l'existence non prouvée d'avantages comparatifs décisifs, conduisent les économistes à s'interroger sur la nature des flux commerciaux du pays dans le futur.

Bien entendu, avec 1 870 millions de dollars, le commerce extérieur du Vietnam avec Singapour est particulièrement intéressant, ce pays jouant le rôle d'entrepôt et d'intermédiaire dans de nombreux échanges triangulaires, comme le fait Hong Kong à l'égard des autres pays asiatiques. En apparence, l'évolution progressive du commerce des pays de l'ASEAN témoigne du rôle important que le Vietnam pourrait être amené à jouer dans le développement des autres économies de la région.

Les nombreuses ressources naturelles (charbon, pétrole, bois, étain et autres minerais ferreux et non ferreux très recherchés pour la fabrication d'aciers spéciaux) et agricoles du Vietnam (second exportateur mondial de riz après les États-Unis, à égalité avec la Thailande depuis 1995), mais aussi sa population nombreuse, travailleuse et flexible ainsi que ses étudiants avides de formation, justifieraient que ses partenaires asiatiques portent au Vietnam un intérêt encore plus soutenu.

Mais la faiblesse des investissements réalisés dans son économie par ses partenaires de l'ASEAN ainsi que le volume modeste des flux vietnamiens de commerce extérieur à destination de ces mêmes pays incitent les observateurs à la réserve.

Au niveau statistique, l'on peut regretter, que la plupart des activités économiques et commerciales du Vietnam soient difficiles à chiffrer avec exactitude, en raison de l'importance d'un secteur informel présent dans tous les domaines économiques et sur tout le territoire. Ce secteur informel, généralement connu et toléré par les autorités, profite indirectement d'une non coïncidence qui s'instaure parfois entre, d'une part, l'idéologie et les principes communautaristes du Parti et, d'autre part, les aspirations à l'enrichissement rapide des agents.

Les éléments démo-économiques qui caractérisent le Vietnam laissent envisager pour le proche avenir une demande effective et un marché du travail potentiellement importants.

En revanche, l'impact sur les équilibres budgétaires et commerciaux

· de la collaboration indispensable mais coûteuse d'experts étrangers et de cadres hautement qualifiés, · de l'importation des technologies sophistiquées nécessitée par une politique industrielle ambitieuse,

· de la mise en oeuvre de nouvelles infrastructures matérielles, juridiques, commerciales et comptables, aujourd'hui trop souvent inexistantes ou inadéquates,

· mais aussi le risque d'un surcroît d'importations engendrées, à horizon 2006, par l'abandon de nombreuses lignes tarifaires dans le cadre de l'AFTA,

· l'importance, encore mal évaluée, que provoqueront ces réductions tarifaires au niveau des revenus gouvernementaux,

· et la réaction inconnue face à ce nouveau cadre concurrentiel d'un secteur informel, que l'on sait omniprésent, mais dont on ignore l'exacte importance (on parle d'une masse d'activités correspondant à environ 40% du PIB),

conduisent, pour le moyen terme, à des interrogations pessimistes concernant la réalité et le coût de la compétitivité vietnamienne à l'égard de ses partenaires asiatiques.

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Mise à jour : 9 décembre 1997              Retour à la page d'accueil