Risque-pays et prospective internationale : théorie
et application
Résumé de la thèse présentée le 26 janvier 2000, sous la direction des Professeurs Michel FOURNIE et Christian SCHMIDT |
Les crises récentes et mal anticipées qui, entre 1994 et 1998 ont secoué les marchés émergents et menacé le système financier international, ont suscité d’abondantes critiques à l’encontre des professionnels du risque-pays, accusés de n’avoir pas su les anticiper. Pour autant, et à la décharge de ces experts, un constat s’impose : l’évaluation du risque-pays est devenue une activité particulièrement complexe. Inscrite - dans un contexte d’après-guerre froide, de déréglementation et de globalisation - à la charnière de réalités mondiales et nationales, de logiques privées et d’intérêts souverains, elle nécessite de manipuler de nombreux facteurs et acteurs interagissant simultanément; elle requiert également de mobiliser une somme impressionnante de données (quantitatives et qualitatives) concernant ces forces. C’est donc pour tenter de compléter les méthodes traditionnelles d’évaluation du risque-pays en intégrant les éléments précités, mais aussi pour dissiper les zones d’ombre entourant une activité professionnelle mal connue, que ce travail de recherche a été réalisé. L’introduction générale contient des précisions de nature sémantique sur les concepts clés (risque, incertitude, risque politique, risque-pays, etc.); elle situe également le sujet, son évolution, ainsi que les objections et demandes faites par rapport à son traitement. Trois grandes parties structurent ensuite la réflexion. La première partie dresse un bilan des pratiques du risque-pays à partir de sources de première main (entretiens avec des responsables de services de risque-pays), d’informations en provenance d’Internet, et de publications spécialisés dans cette activité. Le chapitre 1 de la thèse passe ainsi en revue les pratiques des firmes multinationales en matière de risque politique. Le chapitre 2 examine les pratiques des banques multinationales en matière de risque-pays. Quant au chapitre 3, il détaille les méthodes d’analyse du risque politique et du risque-pays utilisées dans les métiers de la couverture des risques politiques internationaux, du conseil, et de la notation de la dette souveraine. La deuxième partie de la thèse part d’un constat : malgré leur caractère opérationnel, les méthodes comparatives d’analyse du risque-pays souffrent d’une absence de théorie et de méthodologie à la mesure de l’environnement international contemporain. Le chapitre 4 propose ainsi quatre hypothèses; elles sont destinées à fixer, de façon temporaire, les principes structurant le système international, la vie des collectivités nationales, et à expliquer leurs dysfonctionnements. Le chapitre 5 présente une méthode d’analyse du risque-pays adossée à la théorie; elle emprunte à la systémique, à la prospective et mobilise des techniques qui leur sont liées. Dans la troisième partie, la démarche mono-pays
proposée prend pour terrain d’application et test de validité
un pays du sud-est asiatique. Entre communisme et économie de marché,
le Viêt Nam est un cas d’école pour le risque-pays. Le chapitre
6 met en évidence, par le biais de l’analyse structurelle, les variables
clés du risque dans ce pays. Le chapitre 7 expose les stratégies
des acteurs qui s’y affrontent dans des jeux complexes et incertains, porteurs
de ruptures. Le chapitre 8 propose deux scénarios du risque-pays
au Viêt Nam et les cheminements pouvant y conduire. La conclusion
générale de la thèse souligne l’intérêt
de la démarche théorique et méthodologique en fonction
de l’évolution du risque-pays et des résultats obtenus dans
l’application au cas du Viêt Nam.
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abstract The recent and unanticipated crises which, between 1994 and 1998
have shaken emerging countries and endangered the international financial
system, have motivated abundant criticism against the professionals involved
in country risk assessment. Despite their failure to produce relevant early-warning
systems and analyses, one thing can be said in favor of these experts :
country-risk analysis has become an extremely complex activity. In a deregulated,
globalized and post-cold war international environment, it requires analysts
to take into consideration numerous interacting private or sovereign factors
and actors; il also requires them to gather huge amounts of data (both
quantitative and qualitative) about those forces. This dissertation was
thus done as an attempt to integrate those realities into a new conceptual
and methodological framework for country risk evaluation; it was also meant
to shed some light on a subject and related practices which are not well
known in business administration studies. The general introduction provides
the reader with semantic precisions regarding key concepts such as risk,
uncertainty, country and political risk. The first part of the dissertation
then presents the kind of specialized units and tools that some MNCs, MNBs
and consulting firms have devised to analyze country or political risks.
The second part of the dissertation proposes a theory of country risk drawing
inputs from different scientific fields (Sociology, International Relations,
Economics and Management); it also presents a methodology whose main steps
use techniques borrowed from scenario building and futures studies. In
the third and last part of this work, this new approach to country risk
is tested out for validity on Viêt Nam. The general conclusion to
this dissertation evaluates the relevance of the proposed theoretical and
methodological framework in view of the results obtained in the case study.
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