1 Conseils pratiques à lire avant le départ
SECURITE : Vientiane est une petite ville aérée, verdoyante, souriante et paisible, pleine de charme simple et discret. Il n'y a rien d'extraordinaire à voir, mais il est très agréable de s'y promener. Vous pouvez circuler en toute tranquillité à pied ou en vélo. Soyez quand même prudent, le nombre de véhicules s'est beaucoup accru. Les vientianais ne s'y sont pas encore habitué et le nombre d'accidents de la circulation devient préoccupant. On se lève et on se couche tôt, les rues sont désertes après 21h et il y a de temps en temps un couvre-feu théorique après minuit. Les horaires de bureau sont généralement 8h-12h et 14h-17h.
SANTE : Il n'y a pas de paludisme en ville à Vientiane. Il est donc inutile de prendre préventivement de la nivaquine qui de toute façon n'a plus d'effet sur les souches asiatiques, et encore moins du LARIAM dont les effets secondaires peuvent être sévères. Certains médecins conseillent d'avoir LARIAM et PALUDRINE dans la poche au cas où... L'eau du robinet n'est pas potable. On trouve partout de l'eau filtrée et traitée aux ultraviolets. Les précautions habituelles en pays tropical sont conseillées en matière de nourriture.
PETITES BETES : Comme dans la plupart des pays chauds on trouve
autour et dans les maisons, beaucoup de petits lézards inoffensifs,
margouillats ou geckos, de taille et de couleurs variables, parfois bruyants
le soir. Ne vous formalisez pas de leur présence, malgré
les légendes, ils ne s'intéressent qu'aux insectes, en particulier
aux moustiques, et pas aux dormeurs. On trouve aussi, mais vous avez très
peu de chances d'en rencontrer, des animaux moins sympathiques mais heureusement
très peureux, comme les scorpions, mille-pattes venimeux et serpents.
Quant aux moustiques ils sont plus ou moins nombreux et agressifs selon
la saison et les individus. Ils sont surtout actifs à la tombée
de la nuit. Les moyens de lutte sont nombreux et d'efficacité variable
: bombes insecticides dans les chambres quelque temps avant le coucher,
même si la climatisation les paralyse pour la plupart, moustiquaire
s'il n'y a pas de climatisation, spirales incandescentes (mosquito coil)
sous la table ou la chaise en plein air, spray préventif (insect
repellent) sur les zones sensibles, chevilles, bras... combat très
inégal malgré tout...
CLIMAT : Le climat à Vientiane est chaud de Mars à Septembre (maximum en Avril : 25° à 30° la nuit et 35° à 40° le jour) ; frais de Novembre à Février (minimum en décembre : 10° à 15° la nuit et 20° à 25° le jour) ; pluvieux de Mai à Octobre. Le climat est beaucoup plus frais dans le Nord du pays (minima à Xieng Khouang 5° en décembre).
VETEMENTS : Les habitudes vestimentaires lao sont simples. La tenue habituelle pour les hommes, dite "confortable", est la chemisette, col ouvert, elle est portée au bureau, en classe par les professeurs et même dans beaucoup de dîners officiels. La veste et la cravate gagnent du terrain sous l'influence thaïlandaise, mais ne sont portées que dans des circonstances exceptionnelles. Beaucoup d'hôtels et de guest-houses ont une piscine, prévoyez un maillot de bain.
BAGAGES : Le transit à Bangkok peut parfois occasionner un décalage d'un jour ou deux dans l'arrivée des bagages à Vientiane. Il est prudent de prendre en bagage à main de quoi parer à cette éventualité, heureusement rare.
TELEPHONE : Les liaisons téléphoniques s'améliorent constamment, mais téléphoner à Vientiane n'est pas toujours facile, particulièrement en saison des pluies. La numérotation a été changée le 20 mars 1994.
CARTE DE VISITE : L'échange des cartes de visite en début d'entretien (petit format : 9 x 5,5cm) n'est pas encore aussi développé qu'au Japon, mais votre carte sera appréciée des interlocuteurs lao lors des différents rendez-vous.
VOYAGES : Les autorisations administratives préalables aux déplacement dans le pays d'une province à une autre ont été supprimées le 16 mars 1994. La présentation du passeport et du visa suffit désormais pour les vols intérieurs.
MONNAIE : La monnaie nationale est le Kip, en abrégé dans les documents internationaux : LAK. Sa valeur 1996 est d'environ 0,008 francs. La crise du Baht thaïlandais a eu des conséquences importantes sur le kip (à actualiser). Il n'existe pas de grosses coupures, le plus gros billet est de 1000 kips. Le dollar us et le baht thaïlandais ne sont plus acceptés comme il y a quelques années, tous les règlements doivent se faire en monnaie nationale et les sanctions peuvent être sévères. Le franc est peu connu et le change désavantageux. Les travellers chèques peuvent être changés à la Banque pour le Commerce Extérieur Lao (BCEL). La carte visa est acceptée progressivement dans beaucoup d'établissements à Vientiane, une commission de 2,5% est généralement ajoutée à la facture. En dehors de Vientiane la carte visa est inconnue.
ACHATS : On peut acheter tout ce qui est nécessaire à la vie quotidienne dans les boutiques en ville, ou au marché du matin avenue Lane Xang. On trouve vins et fromages de France dans les épiceries spécialisées. Il n'y a pas de librairie digne de ce nom et les journaux étrangers sont à peu près introuvables. Si vous apportez des revues et des journaux français, ils seront très appréciés. Les produits d'artisanat les plus réputés du Laos sont les tissages de soie qui font appel à des techniques complexes comme le "mat-mi" (ikat) et le travail de l'argent proche de celui de la Thaïlande et du Cambodge.
POLITESSE ET PONCTUALITE : Les lao sont d'une grande courtoisie et d'une grande amabilité. Aux amis et dans la famille les lao ont l'habitude de rendre visite à l'improviste. Mais dans la vie professionnelle, une certaine lenteur et un certain formalisme laissent peu de place à l'improvisation et aux changements de dernière minute. Les fonctionnaires sont ponctuels et les rendez-vous doivent être pris à l'avance. Les experts étrangers doivent être accompagnés par une personne établie sur place. Il est préférable d'envoyer à l'avance à vos correspondants des indications sur les personnalités que vous souhaitez rencontrer, de manière à pouvoir prendre les rendez-vous en temps utile.
PHOTOS : On peut prendre librement des photos partout, sauf des constructions stratégiques ou militaires, comme dans la plupart des pays. Les lao sont des gens souriants, parfois timides, mais qui acceptent volontiers d'être photographiés si on le leur demande aimablement. On trouve facilement des pellicules photo couleur pour épreuves papier, plus difficilement pour diapos. Les tirages sur place sont très rapides (2h) mais parfois décevants (qualité des bains).
RESTAURANTS : Il existe de nombreux petits restaurants et marchands de soupes surtout dans le quartier du cinéma aux alentours de l'Hôtel Anou et sur le quai Fa Ngoum au bord du Mékong. Il s'en crée et il s'en ferme régulièrement. Voici une liste "indicative et arbitraire" de quelques restaurants plus sophistiqués à la réputation bien établie en 1996 : "Le Nam Phou", place du Nam Phou (jet d'eau), "la référence", tradition, qualité, accueil et décor en font un des lieux les plus appréciés de nombreux experts étrangers. "Le Sourya" (ouvert le soir seulement) en face Lao Aviation, une carte intelligente et variée, un rien d'atmosphère nostalgique Saint Germain des Prés. "L'Opéra" place du Nam Phou, le restaurant italien à succès, succursale du restaurant du même nom à Bangkok soi 39, les prix sont à la hauteur de la qualité et de la variété. "Le Santal" rue Setthathirath, près de Vat Ong Tu, créé par un ethnologue français, pizzas et grillades à côté du bar le "Samlo" rendez-vous des expatriés nostalgiques. "Le Vendôme", près de l'Hôtel Saysana, un très bon rapport qualité-prix, décor "chaumière" et son petit frère "le Bayou" ouvert en 1995 rue Setthathirath en face de Vat Mixay. "Erawan", sa choucroute du bout du monde, tenu par M. Pantalacci, le doyen des français de Vientiane. "Phapao", la forêt des cocotiers, près de Vat That Foun, tennis et petit lac, en plein air, le rendez-vous des cadres du Ministère des Finances, un des rares restaurants proposant des plats lao traditionnels et peu courants. "Just for fun", à côté du Sourya, moitié restaurant, moitié salon de thé, point de rencontre de nombreuses ONG, atmosphère détendue. "Kua lao" avenue Samsenthaï, à gauche un peu avant le That Dam, cuisine lao dans une villa coloniale agréablement restaurée. "Ban hay sok", en face de l'entrée de l'Hôtel Anou dans le quartier chinois, ouvert en 1994 par la patronne du LANI, la plus ancienne guest-house de Vientiane, le seul restaurant chinois recommandable. "Lao Residence", route du That Luang, en face de l'Ambassade du Vietnam, cuisine thaï et lao traditionnelle dans le cadre délicat d'une villa. "Salongsay", presqu'en face de l'Hôtel Lane Xang sur le quai du Mékong, cuisine lao, danses et musique traditionnelle dans un cadre un peu touristique. Galerie Mixay, rue Setthathirath, cuisine simple à l'étage de cette "shopping arcade" ouverte en 1995 en face de Vat Mixay. Pour les plus aventureux chez "Nang Khambang" rue Koun Boulom à Packpassack, petit restaurant de cuisine familiale lao, simple et savoureuse dans un cadre modeste.
2 Points de repères sur place :
21 QUELQUES STEREOTYPES TROMPEURS :
On ne rencontre pas au Laos les "fourmilières humaines" de certains
pays de la région, ni les mégalopoles misérables du
tiers-monde. Vientiane compte 177 000 habitants. Malgré une pression
démographique forte, pour des raisons historiques et géographiques,
le Laos est un des pays les moins densément peuplé d'Asie
(16,4 hab/km2). Cet espace relativement vide est à la fois un avantage
comparatif (l'élevage extensif par exemple pourrait se développer),
mais aussi un risque face à des voisins surpeuplés.
Le régime de la République Démocratique Populaire
Lao n'est pas synonyme de régime pyramidal bien organisé
où les ordres seraient exécutés militairement du sommet
à la base tout au long de la ligne hiérarchique. Un des problèmes
de l'administration lao est la confusion qui règne dans les responsabilités,
l'absence de coordination entre administrations et l'indiscipline de beaucoup
de fonctionnaires. Plutôt qu'une belle pyramide, l'image qui vient
à l'esprit de beaucoup d'observateurs étrangers est celle
d'un agrégat de fiefs et de principautés aux frontières
floues. La géographie aidant, le Laos est globalement un pays sous-administré
et très morcelé.
Les organigrammes et les définitions de fonctions sont peu courants.
N'hésitez pas à vous faire préciser en début
d'entretien l'organigramme de l'institution où vous êtes et
les fonctions de votre interlocuteur.
Le système économique lao est en pleine transition. Le
Laos est en train de passer d'un régime centralement planifié
à une économie de marché, ce processus est localement
nommé "Nouveaux Mécanismes Economiques". Cette réforme
économique qui se traduit en particulier par des privatisations,
un appel tempéré aux investisseurs étrangers, un nouveau
cadre légal, une réforme de l'administration, n'a pas encore
été poussée à son terme. Ce changement semble
jusqu'à maintenant, avoir été absorbé sans
répercussions sociales désastreuses, à la différence
des pays d'Europe de l'Est.
Mais cette transformation du système économique ne signifie
pas changement politique. Les modèles de transition des pays d'Europe
de l'Est ne constituent en aucune manière une référence
pour les pouvoirs publics du Laos. Le seul modèle étranger
de plus en plus invoqué est celui du "socialisme de marché"
chinois.
Les mécanismes du marché ne sont pas toujours bien compris. Un monde sans autorisations et directives de l'Etat est difficile à imaginer, même dans certaines entreprises privées. Pendant dix-sept ans le système capitaliste a été présenté comme le repoussoir. La représentation de l'économie de marché qu'ont encore beaucoup de cadres lao aujourd'hui ressemble souvent à une caricature du libéralisme sauvage. La définition de nouvelles missions de l'Etat, en particulier comme arbitre ou incitateur dans le domaine économique ou comme réducteur des inégalités dans le domaine social, a du mal à émerger. La tendance de certains responsables est de jeter le bébé avec l'eau du bain.
La montée du pouvoir des techniciens est progressive mais inexorable, bien qu'on rencontre encore des responsables qui pensent que gérer une entreprise ou administrer un service public ne suppose pas de compétences ou de connaissances particulières!
La langue et la culture lao sont très proches de celles de la Thaïlande, mais cette petite différence est fondamentale pour l'identité du Laos. Le Laos est à la fois fasciné par ce grand frère moderne et plus développé, mais aussi très méfiant vis à vis des risques de domination économique et culturelle thaïe. Le Laos qui dans l'histoire a été vassalisé par le Siam -Vientiane a été rasée par les armées siamoises et sa population déportée il y a un siècle et demi- ne veut pas devenir demain un appendice économique thaï. On ne saurait donc innocemment ou par paresse intellectuelle, donner systématiquement en exemple la Thaïlande, pousser les lao à s'inspirer du modèle thaï, envoyer les cadres lao étudier en Thaïlande, faire venir au Laos des professeurs thaï, sans méconnaître le sentiment national lao et se faire complice des volontés d'hégémonie économique et culturelle thaïes. Si on cherche à proposer des exemples régionaux il peut être plus judicieux de s'appuyer par exemple sur les relations Etat-entreprises en Malaisie, l'organisation territoriale aux Philippines ou certains programmes sectoriels en Indonésie...
Le Laos fait partie des 10 pays les plus pauvres du monde, même si Vientiane ne donne pas cette impression au premier abord. Il n'y a pas de misère apparente, mais la malnutrition, la mortalité infantile, le niveau scolaire... sont très préoccupants. L'espérance de vie est de 51 ans. La pauvreté n'est pas seulement matérielle, elle se traduit aussi par une pénurie aiguë de cadres et de techniciens bien formés. Il est parfois plus facile au Laos de trouver de l'argent (l'aide extérieure est importante) que des responsables pour l'utiliser intelligemment.
22 QUELQUES DIFFERENCES IMPORTANTES ENTRE LA FRANCE ET LE
LAOS :
Les échelles ne sont pas comparables. La population du Laos
(presque 4 millions d'habitants) est équivalente à celle
de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Sa superficie (236
000 km2) est à peu près égale à celle de la
Roumanie, mais le Laos est presque six fois moins peuplé que ce
pays. Pour cette raison de bon sens et pour bien d'autres, on ne peut donc
transposer le système français ou des éléments
de ce système sans avoir réfléchi à cet effet
de taille et opéré des allégements, des simplifications...
La plus grande prudence est recommandée aux experts qui arrivent
du Vietnam (67 millions d'habitants sur 335 000 km2) et de Chine (1,1 milliard
d'habitants sur 9 600 000 km2).
La France vit à l'heure de la décentralisation. C'est un processus probablement irréversible même si ses limites commencent à se faire sentir. Le Laos vit à l'heure de la reconcentration des pouvoirs. Après une période de forte déconcentration non maîtrisée (parfois proche de la sécession dans certaines provinces), le gouvernement lao cherche à reprendre en main une administration locale centrifuge. Il n'existe pas de collectivités locales à proprement parler au Laos, le chapitre de la Constitution lao qui traite ce sujet est inachevé.
En France les relations entre l'administration et les forces politiques sont régies par des règles connues (principe de la séparation des pouvoirs, rapports gouvernement/partis, contentieux électoral...),. Malgré la nouvelle Constitution, au Laos l'imbrication entre l'Etat et le Parti reste souvent une cause d'obscurité dans la compréhension des mécanismes du pouvoir.
Avec un peu de persévérance, on trouve en France à peu près toute l'information nécessaire pour prendre des décisions. Comme dans beaucoup de pays du tiers monde, l'information au Laos est souvent incomplète et pas toujours fiable. Les statistiques doivent être utilisées avec précaution, en matière économique, elles ne décrivent qu'une petite partie de la réalité du pays et ne rendent pas compte des activités non monétarisées de l'économie de subsistance. Le souci de l'information précise et exacte, le sens de la communication comme outil professionnel sont des attitudes peu répandues. Au Laos, la crainte de l'erreur, la peur de divulguer des informations confidentielles, de se faire désavouer par son supérieur, le goût du secret hérité de la période historique de lutte clandestine, conduisent à un réflexe général de rétention de l'information. A l'inverse, la gentillesse lao peut parfois pousser votre interlocuteur à inventer pour vous faire plaisir, l'information qu'il ne connaît pas et qu'il pense que vous attendez de lui.
Lorsqu'un français entreprend une démarche administrative
quelconque, la première question qu'il se pose est : "quelle est
la procédure à suivre?", dans des circonstances comparables
un lao se demande "qui je connais? qui va pouvoir m'aider?". Ceci est un
effet des lacunes d'un système administratif incomplet et instable
(les pouvoirs publics reviennent souvent sur leurs décisions, les
textes sont parfois inexistants ou contradictoires, ils ne sont pas toujours
publiés, les directives d'application peuvent en changer le sens...),
de la taille du pays (tout le monde se connaît, Vientiane est un
grand village...), et de l'importance des réseaux et des clans familiaux
("ne vous inquiétez pas, j'ai un cousin qui...").
La situation ne s'améliore pas. Lois et règles diverses
sont plus nombreuses, plus complexes, de plus en plus inapplicables et
de moins en moins appliquées. Passe-droits, accommodements divers
et corruption constituent la soupape de sécurité probablement
inévitable. Mais en conséquence rien ne peut plus être
vraiment suivi et contrôlé correctement. Les politiques de
développement touristique, d'orientation des investissements étrangers,
de protection de l'environnement en pâtissent particulièrement.
"Faire ou ne pas faire" est la question que se posent en permanence
beaucoup de cadres de l'administration, surtout au niveau intermédiaire.
Un fonctionnaire lao n'est généralement pas sanctionné
pour quelque chose qu'il n'a pas fait et qu'il aurait du faire. En revanche
s'engager à faire quelque chose, prendre une décision, signer
une lettre, faire preuve d'initiative, peut être considéré
comme risqué, surtout si on ne se sent pas très compétent,
ni bien informé. Encore plus que leurs collègues français,
dans le doute ou l'incertitude les responsables lao préfèrent
s'abstenir et attendre. En France, des notions comme la responsabilité
pour non assistance, le silence de deux mois valant décision implicite
de rejet, la conception française de l'obligation de responsabilité
exprimée dans le statut général de la fonction publique
(art. 28, chap. I) constituent une certaine antidote à cette attitude.
Cette prudence est confortée au Laos par le principe bouddhique
du désengagement. Elle est à juste titre considérée
comme une vertu et elle a probablement évité au pays des
erreurs et des bouleversements trop brutaux. Mais elle est aussi une menace
de paralysie dans certains secteurs comme les relations économiques
internationales qui sont régies par d'autres rythmes.
La prise de décision est le fruit d'un processus très complexe et très lent au Laos. Le modèle, très répandu en Asie et renforcé par les pratiques du Parti, est le consensus. Tant que le consensus n'est pas acquis au sein des milieux dirigeants aucune décision ne se prend. Celui qui n'est pas d'accord hésite à donner son opinion, sachant que formellement l'opposition d'un seul peut tout bloquer. Ce système a la vertu de laisser aux choses le temps de maturer, mais sur les sujets difficiles, donc controversés, cette habitude produit la paralysie. La pratique de "l'arbitrage", faire trancher entre plusieurs solutions possibles par l'échelon supérieur, typique de la décision publique en France est rarissime au Laos. Elle supposerait que les subordonnés aient confiance dans leurs chefs et soient convaincus que seul l'intérêt général guide leurs décisions.
L'entretien et la maintenance, comme l'après-vente, sont encore plus négligés au Laos qu'en France. D'abord parce que ces techniques supposent une main d'oeuvre qualifiée et une bonne organisation, mais aussi pour deux autres raisons. D'une part parce que la culture économique dominante est celle de la production. D'autre part parce que le sentiment commun est que toute chose a un début et une fin, une naissance et une mort, s'opposer à ce cycle n'est pas raisonnable. Par exemple, l'opinion populaire prétend que fonder et construire une pagode nouvelle est un acte qui permet d'acquérir de grands mérites, alors qu'entretenir ou restaurer une pagode en mauvais état n'est pas aussi "méritoire".
La modernité en France n'est plus la valeur suprême. Le développement du "sentiment écologique", le goût de l'histoire, le respect pour les choses anciennes, le vieillissement de la population française et parfois un certain conservatisme, tempèrent l'attrait pour la modernité. Au Laos l'appréciation la plus flatteuse est : "c'est moderne!". Tout ce qui est moderne est considéré a priori comme positif. Cette fascination pour la modernité et un certain complexe d'infériorité par rapport aux grands pays voisins peuvent entraîner des attitudes irréfléchies et même totalement désastreuses dans beaucoup de domaines.
23 QUELQUES GRANDES QUESTIONS EN DISCUSSION AU LAOS
Quel doit être le rôle de l'Etat dans une économie
qui passe du Plan au marché?
Les politiques d'ajustement structurel, imposées par les institutions
financières internationales, peuvent-elles avoir des résultats
positifs qui l'emportent largement sur leurs effets sociaux négatifs?
Quels sont les services minima que l'Etat doit apporter à la
population dans toutes les parties du territoire?
Quels pouvoirs donner aux autorités locales?
Faut-il séparer complètement le Parti et l'Etat?
Comment éviter la fuite des meilleurs fonctionnaires vers le
privé?
Que faut-il privatiser, sur quels secteurs l'Etat doit-il garder le
contrôle?
Comment prévenir et lutter contre la corruption?
Quel effort consacrer à l'amélioration du système
éducatif?
Comment être "moderne" en gardant sa personnalité nationale?
Que faut-il copier, que faut-il éviter de reproduire, chez les
Thaï, les chinois?
Comment attirer de nouveaux investisseurs?
Quels sont les secteurs économiques prometteurs?
Comment lutter contre la déforestation et la culture sur brûlis?
24 QUELQUES SUJETS DELICATS :
La corruption , l'opium, le trafic illégal du bois , le multipartisme,
l'organisation du Parti, le rôle de l'armée, les camps de
rééducation...
3 Comment se faire comprendre au Laos ?
Beaucoup de cadres lao de plus de trente ans ont une bonne connaissance
de la langue française. Cette proportion diminue rapidement dans
les nouvelles classes d'âge. L'ASEAN pousse à l'anglais.
La traduction est nécessaire devant un auditoire aux connaissances
de français inégales. La langue nationale lao est la seule
langue officielle.
Depuis 1975, des réformes grammaticales et des changements de
vocabulaire nombreux ont sensiblement modifié la langue lao. Les
documents lao anciens et les traductions faites à l'étranger
doivent donc être utilisés avec circonspection.
La langue lao utilisée aujourd'hui est une langue simple, qui
n'est pas très riche en termes techniques et abstraits. Il faut
donc clarifier sa pensée, soigner son vocabulaire et éviter
les termes rares, les jeux de mots, les mots-concepts peu familiers et
inutiles qui seront probablement intraduisibles et déformés.
Lorsque les mots techniques sont nécessaires, il faut les introduire
progressivement, en donner une définition et les expliquer. Face
à une hésitation du traducteur, une périphrase ou
un rappel de la définition, seront certainement bienvenus.
Les niveaux de formation des cadres sont très inégaux
et très variables selon les spécialités. Beaucoup
de cadres ont étudié à l'étranger dans différents
pays d'Europe de l'Est, au Vietnam et plus récemment en Thaïlande.
Il est prudent de vérifier les bases de l'auditoire, en mathématiques
par exemple où une courbe peut être peu familière à
certains auditeurs. D'une manière générale les représentations
graphiques (schémas, courbes, organigrammes...) sont peu utilisées,
il ne faut donc pas les éviter mais y consacrer un peu plus d'explications.
Les lao sont des gens pragmatiques et concrets, ils ont peu de goût
pour la spéculation abstraite et ne sont pas attirés par
la théorie. Il est donc toujours préférable de partir
d'exemples, de cas concrets, d'illustrations, de comparaisons pour aboutir
à des généralités et à la théorie.
Le processus inverse est généralement hasardeux.
Le Laos a été longtemps un pays fermé, les relations
avec l'extérieur sont plus importantes aujourd'hui. Les lao sont
donc très intéressés par les expériences étrangères
et les comparaisons. Ils sont peu nombreux à connaître la
France. Attention donc aux citations et aux repères proposés;
une référence globale à la "Révolution française"
n'évoquera rien de très clair pour la plupart de l'auditoire.
Les lao se considèrent comme très différents des africains,
les références aux pays d'Afrique sont possibles mais il
faut en user avec précaution.
D'une manière générale, il est toujours préférable
d'expliquer pourquoi on pratique de telle ou telle manière dans
tel pays, comment telle méthode ou telle technique est apparue,
quels en sont les avantages et les inconvénients. Les lao savent
faire les transpositions nécessaires et préfèrent
en général conclure eux-mêmes sur ce qui est bon ou
pas pour leur propre pays.
4 Documents utiles à envoyer à
vos correspondants avant votre voyage.
-Un bref CV
-Un résumé du contenu des sujets à aborder
-Un projet de programme
-Une liste du vocabulaire technique essentiel que vous utiliserez afin
de préparer le travail de traduction.
-Les différents documents techniques de référence.
Pensez au travail de traduction, allégez et ne gardez que l'indispensable.
- Si vous connaissez des vidéos susceptibles d'illustrer votre
intervention, n'hésitez pas à les apporter, elles seront
très appréciées.
5 Formalités
- Le visa peut désormais être obtenu à l'arrivée.
-Reconfirmez si nécessaire votre réservation d'avion
pour le retour.