Cette valeur sociale est fondamentale dans la société thaï et se transmet d’une génération à l’autre, nous la ressentons tous comme précieuse car elle est source de rapports harmonieux entre les individus dans notre société, mais dans le contexte plus restreint du travail avec des Français, orienté vers l’efficacité et la rentabilité maximale, cette valeur peut parfois devenir un obstacle dans le monde de l’entreprise. Ainsi quand les employés se rendent compte que le responsable commet une erreur dans une analyse économique mais n’osent pas intervenir car ils craignent de lui faire perdre la face en s'adressant directement à ses supérieurs hiérarchiques, et qu'il ne leur en tienne rigeur par la suite. Un responsable confiait un jour que son entreprise n’avait pas réalisé un bénéfice de plusieurs millions pour l’unique raison qu’un employé particulièrement au fait des ressorts économiques de cette affaire n’avait pas osé prendre l’initiative de venir lui parler directement. Le respect des supérieurs devient donc un obstacle quand le besoin stratégique de mobiliser toutes les ressources intellectuelles se fait sentir. Dans le management à la français tout le monde est capable (et se doit) de donner franchement son opinion, mais quand ici le directeur français demande à ses employés de s’exprimer librement sur un pied d’égalité alors il s’aperçoit que cette méthode est inefficace car les Thaï sont plus habitués à recevoir des ordres et à fonctionner avec le respect d’une hiérarchie beaucoup plus forte, qu’à donner leur avis. Un autre comportement qui étonne beaucoup certains Français est l’inclinaison de l’encadrement à ne rien faire par lui-même, mais à tout commander. Leurs subordonnés n’étant pas en mesure de se soustraire à ces ordres, ils accomplissent leur tâche avec célérité, en attendant de prendre la place de leur supérieur et d’adopter le même comportement. Un tel comportement en France serait considéré comme inacceptable, car quel que soit la position hiérarchique dans l’entreprise, on considère que chacun doit participer activement à son fonctionnement.
2) La crainte de perdre la face.La peur de perdre la face inhibe le comportement des employés, au point qu'ils n'osent pas reconnaître leur incapacité à accomplir certaines tâches, ou quand ils sont face à un problème, ils n’osent pas en faire part à leur supérieur ou leurs collègues. Ainsi une secrétaire à qui son patron français venait de confier un travail qu’elle ne comprenait pas, à préféré, au lieu de lui demander des précisions , l’exécuter comme elle le pouvait, et le résultat ne fût pas conforme aux objectifs fixés. Dans un cas comme celui-là le patron français souhaiterait que son employée n’hésite pas à lui demander de répéter ses instructions, sans craindre de risquer de perdre la face en le consultant si elle ne parvient pas par elle même à résoudre un problème.
3) Parler de façon détournéeLes étrangers ont remarqué une tendance des Thaïlandais à ne pas aborder un sujet directement, mais au contraire à procéder de façon circulaire, peut-être en raison des précautions prises envers les autres pour leur garder respect et ne pas risquer de leur faire perdre la « face ».
4) Mêler les sentiments au travail.En général les Thaïlandais ont tendance à trop mélanger les sentiments personnels avec leur travail, et leurs responsabilités. Ainsi quand le travail de quelqu’un est critiqué, celui-ci considère cela comme une critique personnelle et l’accepte mal. Il serait préférable de parvenir à dissocier nos tâches professionnelles de notre valeur personnelle, et chercher des solutions en vue d’améliorer notre travail. Une fois que les Français ont formulé leurs critiques, ils gardent le même état d’esprit positif à notre encontre, et il n’est nullement question de leur part de chercher à nous faire perdre la face..
5) Le manque de compétences dans le travail de groupe.Les Français ont observé que les Thaïlandais n’appréciaient guère le travail en groupe et semblaient ne pas se rendre compte que certaines tâches demandaient une mise en commun des ressources. On considère en général que le travail en groupe est plus lent et peu productif, car la crainte de perdre ou de faire perdre la face, incite à garder pour soi-même ses critiques. Les Thaïlandais sont enclins pour ces raisons à travailler seuls, cependant la nécessité actuelle du travail en groupe ne leur laissera peut-être pas le choix.
6) Travailler sans méthode.« La méthode » à là quelle se réfère les étrangers, est le fait de travailler en se basant sur un système empreint de logique et de raison. Les Français qui sont entraînés à analyser les divers problèmes de cette façon, ont observés que les Thaïlandais se focalisaient en général sur un point, sans tenir compte de son in-terdépendance avec d’autres facteurs. Quand ces derniers doivent présenter des données, ils négligent les détails et la procédure suivie, et se contentent parfois de donner leur propre impression, sans avoir vérifier les données. Ces données sont parfois nombreuses, mais vagues, ou détaillées mais sans intérêt. Selon les étrangers, la cause principale des difficultés rencontrées dans le travail en commun avec les Thaïlandais, réside dans une question d’honneur. Cette analyse, exacte ou non, nous permet de prendre conscience de la perception qu’ont les étrangers de nos comportements, qui sont liés à notre éducation et notre culture. Ces valeurs sociales qui nous sont chères, que nous considérons comme le ciment de notre société et qui sont transmises d’une génération à l’autre, peuvent se révéler des obstacles dans le monde des affaires qui possède sa propre culture, et ou l’objectif est d’arriver au maximum de profit. Une question se pose alors : les dirigeants d’entreprises doivent-ils ou non changer leur propre échelle de valeur, si oui comment? Nous devons poursuivre nos analyses et recherches, afin de parvenir à une réponse claire, et ce rapport n’a pour ambition, que d’ouvrir le débat.
Quoi qu’il en soit, ces points de vue des Français sont profitables car ils nous permettent de saisir l’importance pour nous enseignants et formateurs, de la problématique du travail en contexte interculturel, et ainsi de pouvoir dispenser une formation efficace.
(2) Au travers des discours des intervenants il est apparu que bien que l’anglais soit la langue incontournable de communication internationale, le recours à la langue française demeure obligatoire par souci d’efficacité dans certains domaines, comme, la fonction de secrétaire particulier, de responsable des relations entre les entreprise et les différentes instances gouvernementales (comme le BOI) ainsi que toutes les personnes qui doivent mettre en relation des responsables d’entreprises thaïlandaise avec des décideurs français.